Et si tout était déjà écrit… pourquoi je continue à choisir ?

7 avril 2025 8 min

Et si tout était déjà écrit… pourquoi je continue à choisir ?

Et si tout était déjà écrit ?

Pas au sens poétique, genre “ton destin est de briller.” Non, au sens brutal.
Chaque choix, chaque mot que t’es en train de lire, chaque pensée, chaque action… déjà inscrit dans le scénario de ta vie.

Pas de surprise. Pas de vraie liberté. Juste toi, dans un film où t’as l’impression d’improviser alors que le film est déjà tourné.

Et là, tu te dis :

N’importe quoi ! C’est moi qui ai choisi de lire cet article, et c’est moi qui vais arrêter là parce qu’il raconte de la merde.

Dans une vision indéterministe, tu aurais sûrement raison.
Mais dans une vision déterministe, ces deux choix ont déjà été pris pour toi.
Alors la vraie question, c’est :
Quelle version est la bonne ?


Déterminisme vs Indéterminisme

Pour poser les bases :

  • Le déterminisme, c’est l’idée que chaque événement est la conséquence inévitable d’un autre.
    Rien n’arrive “par hasard”.
    Un peu comme dans Destination Finale, sauf que là, ce n’est pas juste ta mort qui est prévue — c’est tous les choix de ta vie et tu peux rien y faire.
  • L’indéterminisme, au contraire, affirme que tout n’est pas écrit.
    Que l’avenir dépend de chacun de tes choix, ici et maintenant.

Pourquoi le déterminisme semble évident

On va pas tourner autour du pot : dans la vraie vie, les choses ont des causes.
Je mets ma main sur le feu : je me brûle.
Je saute du 20ᵉ étage : je meurs.
C’est pas de la magie, c’est de la physique. C’est prévisible, c’est logique, c’est déterminé.

Maintenant, pousse un peu plus loin.
Je mange n’importe quoi, je reste sur mon canapé, je dors mal, je bois trop souvent :

Tu crois que mon avenir va ressembler à quoi ?

Le déterminisme, c’est juste ça :

Si tu continues dans une direction, voilà ce qui va arriver.
Y’a pas de jugement, y’a pas de fatalité, y’a juste une chaîne de causes qui s’enchaînent.

Et même quand on ne comprend pas le mécanisme, ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas.
Tu peux pas dire “c’est du hasard” juste parce que ton cerveau n’a pas vu la logique.

Ce n’est pas parce qu’un truc est complexe… qu’il est indéterminé.
C’est peut-être juste que t’as pas encore les bons outils pour le lire.

Un peu comme une équation a plusieurs inconnu trop compliqué à résoudre car tu ne t'y ai jamais confronté.
Mais quelqu’un, quelque part, avec assez d’infos… pourrait très bien la resoudre.

Et là, le truc flippant :

Même ta prise de conscience que t’es “peut-être déterminé”… fait partie du déterminisme.
T’as lu un truc, t’as eu un déclic, t’as commencé à douter, t’as commencé à changer.
Mais tout ça est aussi le résultat d’un enchaînement.

Alors… libre ou pas ?
Peut-être que t’as juste découvert une nouvelle ligne dans le script.
Mais tu l’as pas écrite.


Pourquoi l’indéterminisme fait aussi du bruit

Mais voilà.
Même si le déterminisme semble logique sur le papier… y’a un truc qui coince.
Un ressenti. Un grain de sable.
Un moment où tu te dis : “Non. Là, j’ai vraiment choisi.”

Tu t’arrêtes. Tu regardes ta vie.
Tu repenses à cette fois où t’as dit “stop”.
T’aurais dû continuer, t’étais programmé pour, t’avais l’élan, l’environnement, la fatigue, les excuses...
Mais t’as pas fait ce qu’on attendait.
T’as changé de direction.

Et là, t’as pas juste suivi un autre scénario.
T’as eu l’impression que t’étais en train de le créer.

Alors tu te dis :

“Ok, peut-être que mes actions sont prévisibles… mais comment prédire mes réflexions ?”

Peut-être que c’était écrit que tu tombes sur cet article.
Mais comment prédire ta réaction à celui-ci ?
Ton doute, ton rejet, ton adhésion, ton envie d’en parler…

Ça, ça vient de l’intérieur, pas d’un algorithme.

C’est ça, l’indéterminisme.
Ce moment où tu ressens que ton avenir n’est pas encore figé.
Que le choix n’est pas une illusion.
Que tu pourrais faire A, mais que tu pourrais aussi faire B.
Et que c’est toi, ici, maintenant, qui fais basculer la balance.

Alors ouais, peut-être que 99 % de nos journées sont automatiques, causales, logiques.
Mais ce 1 %...
Ce moment où tu sens que tu pourrais tout envoyer valser…
Il vaut de l’or.

Et t’as beau ne pas pouvoir le prouver scientifiquement…

Ce moment-là, tu le ressens.
Et parfois, ce qu’on ressent pèse plus lourd que ce qu’on comprend.

Peut-être que la liberté ne vient pas du choix lui-même…

Peut-être qu’elle vient de l’intensité avec laquelle tu vis ta décision.


Et si les deux avaient raison ?

Et si, au lieu de choisir un camp, on acceptait que les deux coexistent ?

Et si le déterminisme n’était pas une prison… mais une ligne de trajectoire ?
Et l’indéterminisme, non pas un chaos… mais un croisement possible à certains moments clés ?

Parce que soyons clairs :
Le déterminisme, c’est ce qui t’annonce la suite logique si tu ne bouges pas.
C’est le GPS de ta vie qui connaît déjà le trajet à venir, même si toi, tu ne le vois pas encore.

Et ce trajet, il t’envoie parfois des indices :

Des situations qui se répètent, des émotions qui reviennent,
des rencontres, des avertissements, des “déjà-vu”…
comme des panneaux sur le bord de la route,
ou des gens qui te disent : “j’ai pris ce chemin-là… voilà ce que j’y ai trouvé.”

Et là, t’as deux options :

  • Tu continues en te disant : “ok, je vois où ça va, ça me va.”
  • Ou tu dis : “non merci.” Et tu tournes.

C’est ça, l’indéterminisme.
C’est le moment où tu prends le volant à la main.
Tu regardes la direction annoncée, tu dis :

“Cool, c’est exactement là où je veux aller.”
Ou bien :
“Pas question. Je bifurque.”

Et hop :

Recalcul en cours.

Peut-être que tu peux pas changer toutes les routes.
Mais peut-être que tu peux choisir lesquelles tu refuses de continuer.
Et ça, c’est déjà énorme.

Au fond, le déterminisme te prévient, et l’indéterminisme te répond.
Ils sont pas ennemis.

L’un prédit.
L’autre permet.

Et quand tu combines les deux, tu deviens pas juste un être humain en réaction…

Tu deviens un être humain en conscience.

Tu comprends que tout est cause…
Mais tu refuses de vivre en conséquence passive.

Tu ne nies pas le système.

Tu choisis de hacker la trajectoire.


Et moi dans tout ça ?

Alors au final… est-ce que tout est déjà écrit ?

Honnêtement ?
Je sais pas. Et peut-être que je le saurai jamais.

Mais je sais une chose :

Je continue à faire des choix.
Même si c’est une illusion, je choisis de croire qu’elle vaut le coup.
Je choisis de vivre comme si chaque décision avait un poids.

Parce que si tout est écrit,

alors c’est écrit que je me suis battu pour changer le scénario.
Et si rien n’est écrit,
alors je suis libre d’en écrire un qui me ressemble.

Dans les deux cas… je gagne à rester conscient.

Et puis franchement… imagine que tout soit vraiment prédictible.
Moi, comme un con, je suis quasi sûr que j’essaierais quand même de prouver que c’est faux.
Je ferais une journée exemplaire :
ponctuel au boulot, réunions bien calées, mails traités avec rigueur,
pause dej équilibrée, petite blague entre collègues, petits sourires polis dans l’open space…
le gars clean, irréprochable, qui fait pas de vague.

Et puis là, sans prévenir,
je débarquerais nu dans la salle de réunion, assis sur un trône bricolé avec des chaises empilées,
le regard plein d’assurance, et je m’allumerais un énorme cigare, sans dire un mot.
Devant mon patron, ses associés, et deux stagiaires en PLS.

Puis je fixerais le déterminisme droit dans les yeux et je lui balancerais :

“Tu l’avais pas vu venir, celle-là ?!”

Et lui, toujours stoïque, toujours chiant, me répondrait :

“Si... Exactement à 14h23. Et à 14h25, tu peux commencer à chercher un nouveau taf, ducon.”

Alors non.
Je veux pas rentrer dans ce sketch.
Je veux pas vivre en réaction, juste pour contredire un principe.

Je ne cherche pas à “avoir raison”.
Je cherche à vivre avec intention, à ne pas subir, à ne pas me laisser guider par défaut.
Et c’est ça qui me donne le sentiment d’exister pleinement.

Mais au fond, ce que j’en pense importe peu.
La vraie question, maintenant, c’est pas ce que moi je crois.

C’est toi.
Quelle conclusion tu fais ?
Est-ce que tu te laisses porter par la route ?
Ou est-ce que tu reprends le volant, même si t’as aucune certitude ?

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